L’appartement du roi
L’entrée dans l’appartement
Bénéficiant d’un accès sur la cour Ovale, l’appartement du Roi vit son escalier actuel construit sous Louis XV, à proximité d’un escalier du XVIème s devenu trop étroit. Dû à Gabriel, cet escalier d’honneur à la rampe de fer forgé, sur laquelle se lisent clairement les chiffres du souverain, permettait au Roi d’accéder au « Bel Etage » déployé au premier niveau du palais. Pourvu de fenêtres plus hautes et plus larges, ce « bel Etage » rassemble des pièces de réception se distinguant par la hauteur des plafonds, une plus grande luminosité et la richesse remarquable de l’ornementation. L’escalier d’accès conçu par Gabriel fut élevé, en 1748-49, dans l’ancienne chambre de la duchesse d’Etampes : la majestueuse et sensuelle élégance des grandes figures féminines de stuc, vestiges de la chambre du XVIème s, ainsi que les fresques du Primatice consacrées au modèle moral que représentait Alexandre le grand, ouvraient l’entrée du monarque à sa « Maison ». Sur le palier, l’escalier commande l’accès à une succession d’antichambres et de cabinets, menant jusqu’à la chambre du Roi.
La salle des gardes
Cette vaste salle était celle des gardes du roi, veillant à l’entrée de l’appartement du souverain. Il n’en subsiste, aujourd’hui, que le plafond à la française et, en haut des parois, une frise de trophées d’armes et d’armures peintes à l’huile. Au XIXème s, sous le règne de Louis-Philippe, cette pièce initialement vétuste fut transformée en majestueux foyer de réception doté d’une surcharge de chiffres, d’ornements, d’emblèmes et de devises rendant hommage aux souverains du passé. Agrémentée d’une cheminée en marbre présentant le buste d’Henri IV, et d’un parquet en marqueterie reflétant la disposition du plafond, la salle finit par devenir une salle à manger d’apparat pour Napoléon III.
Les salles Saint-Louis
Ces deux salles entretiennent, par leur nom même, le souvenir du plus célèbre souverain du Moyen-Âge : Louis IX, dit Saint Louis. C’est en effet dans la deuxième salle logée dans l’épaisseur de la vieille muraille du donjon qu’était installée, depuis le Moyen-Âge, la chambre du Roi. Lorsque la chambre changea d’emplacement au XVIIème s, cette salle fut rétrogradée au rang d’antichambre, c’est-à-dire de pièce dégagée et spacieuse, garnie de banquettes, où l’on attend d’être introduit auprès du souverain. De l’autre côté de l’arcade, la figure équestre en marbre du roi Henri IV par Mathieu Jacquet, vestige d’une monumentale cheminée de la fin du XVIème s, fut installée à l’entrée de l’appartement du roi sur la demande de Louis-Philippe, qui rendait ainsi hommage à son ancêtre, « le plus aimé des rois ».
Le salon Louis XIII
Tel un coffret délicat serti de précieuses peintures, le salon Louis XIII est l’ancien « grand cabinet du roi ». La somptuosité de cette pièce s’explique par le fait qu’elle a toujours jouxté la chambre du roi, à laquelle on accédait par les grandes portes du fond. C’est sous le règne d’Henri IV qu’elle reçut son décor de lambris de menuiserie aux petites portes prises dans la boiserie. Ambroise Dubois, peintre de la reine Marie de Médicis, y peignit sur toile, en quinze tableaux encastrés dans des bordures de stuc, les tribulations amoureuses du roman de Théagène et Chariclée. Le soin accordé à la décoration de la salle relevait aussi d’un désir de commémoration : c’est dans cette pièce que Marie de Médicis, étendue dans un grand lit de velours cramoisi, donna naissance, le 27 septembre 1601, au Dauphin, futur Louis XIII.
La chambre du roi
La chambre du roi n’est plus aujourd’hui visible dans son état d’Ancien Régime : après la Révolution, en 1808, Napoléon Ier y fit aménager une salle du trône, qui devait servir jusqu’au Second Empire. Subsiste cependant, de la chambre royale qui était le cœur du palais, les lambris, la cheminée de marbre aux riches ornements de bronze doré, les médaillons sculptés et dorés portant la devise de Louis XIII. Vidée de son mobilier, de son lit et de sa balustrade lors de la Révolution, cet ancien centre de la liturgie de cour, où se déroulaient grands levers et grands couchers publics du monarque, est aujourd’hui dans son état de dernière salle du trône napoléonienne encore existante. Le trône y a en effet pris la place du lit dans l’alcôve. Le dais de pourpre, et son semis d’abeilles d’or, est une impressionnante mise en scène de la symbolique napoléonienne : chiffre impérial, aigles à l’antique et couronnes de lauriers témoignent de la volonté de Napoléon Ier de mettre en scène, d’une façon quasiment héraldique, son pouvoir au cœur de la « maison des siècles ».
L’appartement de la reine
L’appartement de la Reine constitue le pendant de l’appartement du roi et bénéficie d’une distribution à peu près analogue : la reine a son propre escalier donnant sur la cour Ovale. Créé en 1768, sa remarquable rampe en fer forgée présente le chiffre de la reine Marie Leszcynska. Au premier étage, l’appartement de la souveraine prend jour, au nord, du côté de son jardin réservé (actuel jardin de Diane). Sur le modèle de l’appartement du roi, il est constitué d’antichambres et de confortables salons de réception menant jusqu’à la chambre d’apparat.
Le salon des tapisseries
Cette pièce fut l’ancienne salle des gardes de la reine, avant de devenir elle-même une antichambre. Avec l’allègement de l’étiquette au XIXème s, les anciennes antichambres de l’appartement perdirent de leur sobriété pour de riches et confortables salons de réception. Le salon des tapisseries fut en effet entièrement remanié en 1835 sous le règne du dernier roi de Fontainebleau, Louis Philippe Ier, et reçut un superbe plafond de menuiserie à caissons octogones,. Le nouveau salon fut garni, par Louis-Philippe, de « tables de familles » autour desquelles se rassemblaient le roi, la reine et les princesses. Le roi Louis-Philippe prenait plaisir à voir sa famille réunie autour de lui, et à savourer la beauté des œuvres anciennes. Féru d’Histoire, il y rassembla un mobilier historique à son goût, telles les luxueuses pièces de marqueterie Boulle du XVIIème s, ou les anciennes tapisseries rehaussées d’or du commencement du XVIIème s, figurant les principaux épisodes de l’histoire de Psyché.Le salon François Ier
Ce salon était, au XVIème s, la chambre à coucher de la reine Eléonore d’Autriche, épouse de François Ier. Lorsque la chambre de la reine vint à être déplacée au XVIIème s, elle devint la « deuxième antichambre de la reine ». C’est ici que les courtisans attendaient de pouvoir accéder à la chambre afin d’assister au « grand lever » et au « grand coucher » de la souveraine. A la Renaissance, cette pièce illustre avait été décorée par Primatice. De toute sa décoration de stucs et de fresques, il ne subsiste que la cheminée, lourd massif carré dont le motif central, sur la hotte, forme un médaillon peint représentant les amours de Vénus et Adonis. La cheminée força l’admiration des siècles qui suivirent, et donna le ton « Renaissance » à la pièce. En 1865, sous le règne de Napoléon III, le salon fut en effet complété par la pose de cinq tapisseries des Gobelins, exécutées à la fin du XVIIème s d’après une tenture flamande de la Renaissance : les chasses de l’Empereur Maximilien, grand-père de l’ancienne occupante de ces lieux, la reine Eléonore.
La chambre de l’impératrice (ancienne chambre de la reine)
Ancienne chambre à coucher des reines de France, elle fut habitée successivement par toutes les épouses des rois, de Marie de Médicis à Marie-Antoinette. Le vaste lit date de Marie-Antoinette. A sa tête, flanquée de carquois, des amours supportent un médaillon à ses initiales. Surplombant un dais admirablement sculpté, un amour se joue sur le devant, au milieu des fleurs. Le lit, séparé du reste de la salle par une balustrade en bois sculpté et doré, rappelle que cette chambre est une salle « de parade » où l’espace privé de la souveraine est séparé de l’espace public des courtisans. Le lit ne fut livré pour la reine qu’en 1787, et Marie-Antoinette n’eut jamais l’occasion d’y dormir. C’est l’impératrice Joséphine qui, après la Révolution, étrenna cette couche et fit tendre les murs de sa chambre des précieuses soieries de la fin du XVIIIème s, prodiguant à la pièce une profusion de fleurs, d’instruments de musique champêtres, de cages, de paniers fleuris, de perdrix avec ses petits. Tout un apparat de fertilité rappelant la mission première d’une souveraine : donner un héritier à la France.
Le boudoir d’argent de la reine
Marie-Antoinette aimait à « bouder » l’apparat de cour et à se retirer dans ce petit boudoir au décor d’une exceptionnelle délicatesse. Tout un vocabulaire ornemental, déployé sur les lambris habillant la pièce, y est traité sur fond éclatant argent ou or. L’atmosphère est féminine : au-dessus de portes dorées, des groupes de plâtre représentent les Muses groupées deux à deux. Au plafond, un ciel en trompe-l’œil où surgit l’Aurore, avec son cortège d’amours, surplombe un mobilier de bronze argenté et doré couvert de nacre, qui confère un exceptionnel raffinement à cet écrin retiré. La baignoire que l’on voit derrière l’arcade a été rajoutée, au XIXème s, par une fervente admiratrice de Marie-Antoinette, l’impératrice Eugénie, qui aimait à se ressourcer dans l’intimité de ce décor historique. Elle fuyait ainsi cette cour de France où elle se sentait « la première esclave du royaume, isolée au milieu des gens, sans une amie (…) et jamais seule un instant ».