Louis Gauffier (1762-1801)
Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV 4692
Chambre de l’Empereur, Petits Appartements
Peint à Rome en 1793, ce tableau illustre la prédiction de la naissance d’Isaac à Abraham près du chêne de Mambré, au dix-huitième chapitre de la Genèse. Sarah étant trop âgée pour enfanter, Abraham s’était résolu à ne pas avoir de descendance. Il reçut un jour dans sa tente la visite de trois anges vêtus comme de simples visiteurs à qui il offrit le gîte et le couvert. À l’issue du repas, les anges annoncèrent à Abraham la venue d’un fils.
Le sujet, rare dans la peinture moderne a pu être inspiré à Gauffier par les mosaïques paléochrétiennes des églises de Rome, notamment Sainte-Marie-Majeure.
La lumière est un élément clef de la narration : le peintre saisit l’instant précis où les trois anges, éclairés par un soleil doré de fin d‘après-midi délivrent le message miraculeux. Abraham, dans l’ombre, reçoit cette nouvelle dans un geste tout à la fois d’effroi et d’allégresse. À l’arrière-plan, Sarah, qui sur le dessin préparatoire était représentée dans un mouvement de recul, s’approche au contraire de la scène.
Prix de Rome en 1784, Gauffier s’initie en Italie à la peinture sur le motif, en plein-air, qui lui permet de comprendre les lumières et les lignes des sites avant de les reproduire en atelier. Cette pratique l’incite à donner de plus en plus de place au paysage dans ses compositions, genre qu’il adopte définitivement à la fin des années 1790. Le miracle de Mambré lui permet ainsi d’ouvrir l’horizon sur un vallon, plus proche des Appenins que des arides montagnes de Judée. Le tableau offre également à Gauffier la possibilité d’exécuter une étude magistrale du majestueux chêne sacré de Mambré. Il décrit les jeux de lumière variés dans son feuillage, le mouvement des rameaux et les ombres qu’ils projettent sur la pierre, le sol ou les visages des anges.
Poursuivre la découverte