Barthélémy PRIEUR (Berzieux, 1536 – Paris, 1611)
1602
Bronze
H. 195 cm ; L. 118 cm ; Pr. 102 cm
RF 261
Château de Fontainebleau, galerie des Cerfs
Un modèle antique
La sculpture en bronze installée aujourd’hui dans la galerie des Cerfs est une copie de la Diane à la biche, aussi appelée Diane de Versailles, antique emblématique de la royauté française. Ce marbre romain offert à Henri II par le pape Paul IV en 1556, est le premier antique majeur à intégrer les collections françaises à la Renaissance, époque où le modèle antique est placé comme un idéal de beauté par tous les artistes. La statue est rapidement installée à Fontainebleau.
Ce marbre romain est lui-même l’héritier d’un bronze grec disparu, attribué à Léocharès, grand sculpteur grec du IVe siècle avant J.C. Cette attribution est due à de nombreuses ressemblances stylistiques avec l’Apollon du Belvédère, représentation du jumeau de la déesse aussi par Léocharès et lui faisant un parfait pendant.
Une commande royale
Barthélémy Prieur est un sculpteur français, protégé par le connétable Anne de Montmorency et proche de la Couronne, malgré ses origines protestantes, jusqu’à être nommé sculpteur du roi Henri IV en 1591. Ce dernier lui commande en 1602 un bronze pour remplacer le marbre antique qui ornait le jardin de la Reine, aujourd’hui jardin de Diane, au château de Fontainebleau. Henri IV aidé des frères Francini, souhaite créer une fontaine à la gloire de Diane, déesse accompagnée sur cet édicule d’eau, de chiens et de cerfs en bronze réalisés par Pierre Biard. Prieur fait ainsi œuvre de bronzier en fondant une copie de la Diane de Versailles, pour la fontaine, mais aussi œuvre de restaurateur auprès du marbre romain, qui est déplacé dans la salle des Antiques du palais du Louvre, puis à Versailles, d’où son nom.
D’autres copies de ce marbre antique célèbre ont été réalisées par d’autres artistes comme la copie en bronze par Hubert le Sueur pour Charles Ier d’Angleterre en 1634 ou encore celle en marbre de Guillaume Coustou pour le château de Marly en 1710.
Un divin symbole monarchique
À travers la Diane de Versailles et sa copie par Prieur, on peut voir la déesse de la chasse saisie dans un mouvement gracieux et fluide, esquissant un geste vers les flèches de son carquois et nullement entravée par ses légers vêtements. Diane romaine ou grecque Artémis, la divinité tutélaire de la chasse est presque toujours accompagnée de ses chiens ou du cerf, son animal-attribut.
Au XVIe siècle, Diane, symbole de pureté, est particulièrement prisée dans les créations artistiques. Elle occupe de plus, une place particulière à Fontainebleau, en écho entre autres à la puissance cynégétique de ce château enserré par une forêt giboyeuse.
Deux Diane à Fontainebleau ?
À la Révolution, la statue de bronze de Prieur est retirée de la fontaine et envoyée au Louvre. Napoléon l’offre ensuite à Joséphine pour décorer son château de Malmaison. Il demande au même moment la restauration de la fontaine du jardin de Diane de Fontainebleau en faisant installer une autre copie de la Diane de Versailles, cette fois-ci, fondue par les frères Keller pour Louis XIV, à la fin du XVIIe siècle.
Ce n’est qu’au XXe siècle que la Diane de Prieur revient à Fontainebleau, afin de renouer avec « ses » origines. Elle y est présentée depuis dans la galerie de Cerfs.
Bibliographie
FAVIER Suzanne. A propos de la restauration par Barthélémy Prieur de la « Diane à la biche ». La Revue du Louvre et des musées de France, 1970, 20e année, n°2. pp.71-77
LOSSKY Boris. La Fontaine de Diane à Fontainebleau. Manuscrit pour le Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art Français, année 1968.
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