Du carton à la tapisserie, immortaliser les chasses royales de Louis XV
Jean-Baptiste Oudry est un jeune artiste formé dans l’atelier du célèbre peintre Nicolas de Largillière, qui devient non seulement le portraitiste des chiens du roi mais aussi le véritable « peintre de courre » de Louis XV, grâce à la commande de neuf cartons illustrant les différents épisodes des chasses auxquelles s’adonne le Roi à Compiègne, Fontainebleau et Saint-Germain-en-Laye. Jean-Baptiste Oudry réalise ces œuvres monumentales entre 1733 et 1746, les cartons destinés à servir de modèle au tissage des tapisseries des Chasses royales par la manufacture des Gobelins.
Ainsi, la finesse et la vivacité de ces peintures sont un hymne au paysage et à la forêt, au rôle des meutes royales et à l’équipage de vénerie. Entre chevalet et métier à tisser, Jean-Baptiste Oudry s’attache à retranscrire avec minutie les détails raffinés de ces moments de cour, où les princes se mêlent aux veneurs. En effet, Oudry, d’un pinceau habile, dépeint le pelage du cerf, les robes des chevaux, l’excitation des chiens et les habits de chasse chamarrés.
Cette commande exceptionnelle fait de Jean-Baptiste Oudry une référence inégalée dans la peinture animalière du XVIIIe siècle et le chantre d’un règne au cours duquel la chasse fut la plus dévorante des passions du souverain.
Une campagne de restauration inédite
La chasse, symbole de puissance, de tradition royale et composante fondamentale de la société de cour, est un héritage qui a façonné le château de Fontainebleau. La plus grande collection d’œuvres de Jean-Baptiste Oudry en France y est conservée depuis le règne de Louis-Philippe. En effet, des neuf cartons préparatoires à la tenture des Chasses royales, huit sont aujourd’hui logés dans les lambris de l’appartement dit des Chasses, dont ils composent le décor. Cet appartement est exceptionnellement ouvert au public dans le cadre de l’exposition.
Grâce au concours du centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), quatre cartons de Jean-Baptiste Oudry ont fait l’objet d’une campagne d’analyses scientifiques ainsi que d’une restauration fondamentale et ambitieuse afin d’assurer leur préservation et de redécouvrir la palette et la touche d’Oudry. Ainsi, après trois ans de restauration, la splendeur des peintures est aujourd’hui révélée.
Cette campagne de restauration a été rendue possible par la généreuse participation de la caisse régionale Crédit Agricole Brie Picardie, du Fonds Vénerie, du Rotary Club de Fontainebleau, de la fondation François Sommer, des Amis du château de Fontainebleau et de Madame Valérie Renault-Cerbourg. Une nouvelle campagne d’appel aux dons permettra de lancer la restauration des quatre autres cartons du même ensemble.
Par ailleurs, l’exposition illustrera le goût pour les scènes de chasse dans la peinture et le décor intérieur et l’« Oudrymania », c’est-à-dire la diffusion des créations de l’artiste dans divers domaines des arts décoratifs, tels que l’édition, la porcelaine et l’orfèvrerie. L’exposition vous invite à (re)découvrir la résidence de chasse favorite des rois que fut le château de Fontainebleau au fil des siècles.
Le château de Fontainebleau comme terrain de chasse favori des rois de France
Édifié au cœur d’une forêt giboyeuse, rendu unique par son histoire et son architecture, le château de Fontainebleau se démarque comme le lieu de chasse favori des rois de France dès le XIIe siècle. D’anciens témoignages évoquent une meute de chiens gris, ramenés d’Egypte par Saint Louis en 1260 et employés à la chasse en forêt de Fontainebleau. C’est après un accident de chasse au sanglier en forêt de Bière que Philippe le Bel, le roi de fer, expire à Fontainebleau en 1314. Sous le règne de François Ier, surnommé le « père des veneurs », le relais bellifontain se mue en un exceptionnel palais de la Renaissance, accompagné de dépendances d’architecture liées à la vénerie tels que le chenil ou les petites écuries.
Aujourd’hui encore, la présence tutélaire de Diane, déesse de la chasse, qui surgit dans le jardin de Diane ou encore les trophées dans la galerie des Cerfs, témoignent de l’importance du château comme domaine de chasse dans le cœur des souverains.
De fait, à Fontainebleau, les séjours d’automne sont instaurés par les Valois et les Bourbons y sont fidèles. Louis XIV et Louis XV s’adonnent avec assiduité à la vénerie. Le règne de ce dernier marque l’apogée de l’art cynégétique ; le roi chasse trois fois par semaine, multiplie le nombre d’équipages et de meutes et fait illustrer par Oudry l’histoire de son règne par les cartons des Chasses royales.
Commissariat
Oriane Beaufils, conservatrice du patrimoine, directrice des collections de la Villa Ephrussi de Rothschild
Vincent Cochet, conservateur en chef du patrimoine au château de Fontainebleau
Autour de l'exposition
EN FAMILLE
- Un livret-jeu sera disponible pour qu’enfants et adultes découvrent à leur rythme l’exposition de façon ludique.
POUR APPROFONDIR
- Le catalogue de l’exposition est publié par le GrandPalaisRMN sous la direction de Vincent Cochet et Oriane Beaufils.
229 pages, 190 illustrations. 49 euros. - Un colloque Jean-Baptiste Oudry et la peinture animalière, co-organisé avec la Fondation François Sommer, se tiendra à Paris mi-décembre.
Découvrez les transferts des œuvres de Jean-Baptiste Oudry restaurées et présentées pour la première fois pendant l’exposition « Oudry, peintre de courre. Les chasses royales de Louis XV » jusqu’au 27 janvier 2025, au château.
Vidéo réalisée par © Chlorofilm Production
Informations pratiques
Tarifs
Exposition dans la salle de la Belle Cheminée ainsi que dans l’appartement des Chasses, accessible avec le billet d’entrée du château :
14 € | Gratuit pour les moins de 26 ans ressortissants de l’Union européenne.
Le château et l’exposition sont ouverts tous les jours, sauf le mardi, de 9h30 à 17h (dernier accès à 16h15). Les cours et jardins sont gratuits et ouverts tous les jours, de 9h à 17h (dernier accès à 16h). Le parc est ouvert 24h/24.
Accès au château
Par la route depuis Paris : porte d’Orléans ou porte d’Italie, puis A6 Sortie Fontainebleau. SNCF : Gare de Lyon (grandes lignes), station Fontainebleau / Avon puis bus ligne 1, arrêt Château. Le dézonage du Pass Navigo permet aux détenteurs d’un abonnement de se rendre en train à Fontainebleau et d’y prendre le bus sans supplément.
L’exposition a bénéficié du soutien de la Fondation François Sommer et du Fonds Vénerie.