Le duo de street artistes MonkeyBird investit la palissade

La mémoire des pierres, une fresque pour habiller la palissade du château de Fontainebleau

Le duo MonkeyBird, composé d’Edouard Egea et Louis Boidron, habille la palissade d’entrée du château de Fontainebleau, située Boulevard Magenta. Cette création artistique « La mémoire des pierres », réalisée pour le château sous la direction de Cyrille Gouyette, est présentée en résonance et dans le cadre du parcours Grandeur Nature. 18 artistes au jardin.

Le duo MonkeyBird

Formé à l’école des arts appliqués de Bordeaux, le duo d’artistes MonkeyBird, composé d’Edouard Egea et Louis Boidron, dont l’atelier est désormais à Avon, puise son inspiration dans les motifs architecturaux, les sculptures et les estampes, pour créer des trames complexes ponctuées de symboles qui parlent de l’homme et de son histoire. Leur technique de prédilection, le pochoir, leur permet de répéter un motif avec une grande finesse de détails. En résulte une esthétique sophistiquée qui est une invitation à la contemplation et à la réflexion. Avec ses animaux fétiches, le singe et l’oiseau, le duo explore la part cachée de notre humanité : l’homme, animal social, est alors symbolisé dans toute sa dualité existentielle, animé par son instinct et motivé par sa conscience. Pour la palissade du château de Fontainebleau, MonkeyBird a ainsi puisé dans un large répertoire iconographique dont font partie les Etudes pittoresques et historiques sur Fontainebleau d’Antoine-Laurent Castellan (1840), les albums gravés de Georges-François-Antoine Robit (1812) et ceux de Rodolphe Pfnor (1866), mais aussi le catalogue de vente de l’œuvre peint de Rosa Bonheur (galerie Georges Petit, 1905). Leurs animaux totems, le singe et l’oiseau, ont trouvé leurs sources dans la tapisserie du Triomphe de Mars d’après Jules Romain (1499-1546) et dans les Concerts d’oiseaux de Frans Snyders (1579-1657).

Une création artistique qui s’inspire du château

Cette œuvre de plusieurs mètres met à l’honneur la faune et la flore sauvage, l’architecture et la nature. Faisant alterner paysages pittoresques et décors palatiaux, dehors rustiques et intérieurs précieux, le duo d’artistes MonkeyBird, composé d’Edouard Egea et Louis Boidron, rend ici hommage au domaine de Fontainebleau, dans toute sa diversité. Pour ce faire, il a puisé chez les artistes qui l’ont construit, décoré ou plus simplement observé. A commencer par le peintre paysagiste Antoine-Laurent Castellan (1772-1838) dont l’œuvre gravé sert de toile de fond à sa composition. A partir de ses dessins romantiques, où lesouci archéologique se teinte de nostalgie, le duo scande la lecture de sa frise par les arcades richement ornées de la chapelle de la Trinité enrichies par le peintre maniériste Martin Fréminet (1567-1619). Chaque baie est prétexte à de nouvelles vues où s’ébat la gent animale de Rosa Bonheur (1822-1899) familière des lieux. Réunissant ainsi plusieurs figures emblématiques de la scène artistique bellifontaine à travers les époques, MonkeyBird crée un univers harmonieux grâce à son style graphique qui unit chaque élément par la ciselure de ses pochoirs. En privilégiant une palette sobre où domine le noir et blanc, il renoue avec la technique de la gravure au burin. De loin en loin, la présence du vert sombre renvoie à l’Empire autant qu’à la frondaison, quand les rehauts d’or trament en filigranes plans, voussures ou appareillage de l’architecture.

Dans ce nouvel éden, où nature et culture s’organisent de pair, le paysage se montre tantôt sauvage et forestier, tantôt dompté et jardinier. Au bestiaire éclectique qu’il accueille se mêlent les artifices de l’homme. Pavillons, fontaines et autres édifices témoignent de sa présence dans une tentative de communion avec les lieux. A l’état de ruines ou dans sa magnificence, l’architecture se décline ici dans un raccourci spatio-temporel où les vestiges, voire les réminiscences de bâtiments disparus, le disputent à la pérennité de la demeure royale. Ainsi, de part et d’autre, la Porte égyptienne égarée parmi les rochers répond-elle à la façade classique du château vue depuis son étang, quand la fontaine Belle Eau dialogue avec les ruines du chenil ou du puits du Cormier. C’est au fil de ces confrontations imaginaires, dans l’esprit des « caprices architecturaux » hérités du XVIIIe siècle, que les artistes nous invitent à apprécier la symbiose de l’art et de la nature tout au long d’un déroulé qui renouvelle la grammaire des décors panoramiques et en redéfinit les protagonistes. Dès lors, au centre de la fresque, encadrée par la porte du Baptistère et veillée par deux piliers hermaïques, la forêt, à l’origine du domaine de Fontainebleau, ne tient-elle pas ici le rôle principal ?

Interview du duo Monkeybird

Comment MonkeyBird est né ?

Edouard : On a créé MonkeyBird à Bordeaux pendant nos études d’arts appliqués, on s’est rencontrés dans notre année de mise à niveau. On a commencé à travailler ensemble le weekend et le soir. On travaillait chacun de notre côté pour les cours et puis on a commencé à travailler ensemble, plus précisément dans le domaine de la rue. On avait chacun notre univers graphique alors on a commencé à réunir nos styles pour créer un univers commun qui a émergé en 2009. On travaille sur la nature, sur le domaine du bestiaire.

Louis : Les oiseaux et les singes, dès le début c’était vraiment notre identité, d’où le nom MonkeyBird.

 Edouard : En fait on s’est choisi un animal totem. Au lieu de choisir un nom de graffeur, on a voulu contrer un peu ce truc là et se dire « on va plutôt choisir un animal qui nous est propre, pour lequel on a de l’affection » et puis on a choisi ça, et voilà, ça a commencé comme ça, assez naturellement.

Quelle a été votre source d’inspiration pour cette création sur la palissade ?

Edouard : L’idée de faire une palissade ici, au château de Fontainebleau, c’était vraiment de se nourrir de la richesse historique et culturelle qu’il y a dans le château, de par ses archives, de par ses documents techniques tels que les documents d’architecture, les livres de détails d’ornementations des salles, etc. L’idée c’était vraiment de puiser dans toutes ces références, dans tout ce foisonnement d’histoire et de culture regroupé ici et d’en faire quelque chose d’unique. Emmener le spectateur dans notre univers mais à la fois avec des clins d’œil plus que poussés au château, à l’histoire du château. Si les gens prennent le temps, il y a vraiment la possibilité de retrouver des éléments à la fois sur la fresque et à la fois à l’intérieur du château. C’était vraiment ce jeu-là, réinterpréter de manière contemporaine, l’idée de la commande.

Est-ce parmi la fresque il y a une partie que vous avez préféré réaliser ou au contraire une qui a été plus compliquée ?

Edouard : On l’a approché en globalité et c’est vrai que on a souvent des grosses commandes de grandes fresques, donc ce genre de format c’est pour nous assez évident en terme de travail. On l’aborde avec passion et envie. Ça se fait bien, on est content parce qu’on on travaille bien, on a plutôt un bon rythme ici. Ça se passe plutôt bien.

Louis : C’est vraiment pratique de travailler ici parce qu’il y a l’atelier juste à côté, à Avon. Ça nous fait vraiment plaisir de travailler dans cet environnement car c’est un endroit inspirant : comme Edouard l’a dit, il y a l’architecture du château, mais on a aussi voulu mettre en avant la nature, qui nous inspire aussi beaucoup. Les jardins, les paysages, les animaux qu’on retrouve sont des animaux qui ont été par exemple dans le parc comme les paons, ou les lions qui étaient chez Rosa Bonheur. C’est parler aussi de toute cette histoire naturelle de la région.

 Edouard : C’est parler à la fois du patrimoine de la région et du château car c’est un ensemble, un tout commun.

 Louis : C’est d’ailleurs pour ça que l’on a appelé la fresque « La mémoire des pierres ». C’est à la fois la mémoire des pierres du château et des pierres de la forêt.

Cette manifestation sous le commissariat de Cyrille Gouyette  bénéficie du soutien exceptionnel du Département de Seine-et-Marne dans le cadre de sa saison « Incroyables jardins ! Emotions et découvertes au fil des saisons » ainsi que du mécénat de HB et associés Avocats.

Cette création de MonkeyBird pour le château de Fontainebleau est présentée en résonance et dans le cadre de l’exposition Grandeur Nature. 18 artistes au jardin, à découvrir dans le jardin Anglais, jusqu’au 17 septembre 2023.

Ticket blanc

Billets et tarifs

Billetterie

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Horaires d'ouvertures

Le château est ouvert tous les jours, sauf le mardi, le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre.

D’octobre à mars : 9h30 à 17h (dernier accès à 16h15).

D’avril à septembre : 9h30 à 18h (dernier accès à 17h15).

Le parc et les jardins sont ouverts, dans les conditions habituelles, gratuitement.

Le restaurant est ouvert tous les midis.

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