Cette exposition réunit des objets provenant exclusivement des collections du château, qui ont été offerts à Napoléon III entre 1860 et 1864. Ces cadeaux diplomatiques ont été mêlés aux objets chinois et siamois réunis par l’impératrice Eugénie au sein du musée Chinois aménagé dès 1863, puis pour certains installés dans le salon des Laques en 1868. Un temps exposé et admiré, cet ensemble d’œuvres d’art a par la suite été progressivement oublié.
À la croisée de deux univers, cette exposition est le résultat de découvertes faites par une équipe franco-japonaise de chercheurs et de conservateurs. Ces cadeaux, désormais précisément identifiés, sont constitués d’un ensemble de dix kakemonos peints sur soie par des artistes officiels, ainsi que d’un paravent à fond d’or. S’y ajoute une dizaine d’objets précieux par leurs matériaux et leur technique, qui
comprend des œuvres en laque, en cristal de roche ou encore en métal et en ivoire.
L’exposition met en lumière cet ensemble au statut particulier, réalisé à une période de transition décisive pour le Japon qui fait alors ses premiers pas sur la scène internationale. L’ambassade de 1862 avait pour ambition de sonder les intentions des gouvernements européens et de tenter de renégocier les traités dits inégaux qui venaient d’être signés suite à l’ouverture forcée du Japon par le Commodore Perry en 1854. Le Japon, par son inscription dans le monde sinisé, avait une grande expérience de l’art d’offrir des cadeaux. Cette exposition illustre le soin qui a présidé au choix des présents, le processus de fabrication de ces œuvres précieuses et la façon dont elles ont parfois été adaptées au goût occidental. Elle éclaire également la grande tradition du goût des élites européennes pour l’art de l’Asie orientale, à la veille de l’éclosion du japonisme.