Une œuvre phare accrochée au musée Napoléon Ier
Le Portrait de l’Empereur au travail par David
Jacques-Louis David, « Premier peintre de Sa Majesté »
Napoléon Ier dans son cabinet de travail à 4 heures du matin, 1812.
David a campé l’Empereur en chef d’État actif en son palais des Tuileries à toute heure du jour et de la nuit. « Je l’ai représenté dans le moment de sa vie qui lui est le plus habituel, le travail ; il est dans son cabinet ayant passé la nuit à composer son Code ». Maints détails expriment son inlassable labeur : une lampe bouillotte à la bougie presque consumée, qui signifie l’étude et la veille nocturne, une plume posée sur le bureau mécanique où affluent les papiers de tout l’Empire, et un portefeuille à soufflets, où se concentrent les affaires de tous les ministères. Au sol gît une carte et sur la base du piètement du bureau mécanique est posé un volume de Plutarque, auteur des Vies parallèles de personnages grecs et romains, références et modèles pour l’empereur des Français. Une épée de service est posée sur un fauteuil de représentation orné d’abeilles : il est temps de passer les troupes en revue pour ce souverain vêtu d’un uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde impériale.
Huile sur toile. 2,05 x 1,28 m ; signé en bas à gauche sur une carte enroulée : « Lc.us David Fac.bat 1812 ». Répétition autographe avec variantes d’un original commandé par Alexander, marquis de Douglas, futur duc de Hamilton. Historique : acquis par la Maison de l’Empereur en 1860, exposé au palais impérial des Tuileries sous Napoléon III ; dation de la Famille impériale en 1979, renonciation d’usufruit en 2020. Inventaire N 9.
Le musée Napoléon Ier, un musée de synthèse
Le musée Napoléon Ier, consacré à la Famille impériale, a ouvert en 1986. Il a été reconfiguré en 2018 selon l’axe « la France et l’Europe sous l’œil et dans la main de Napoléon », offrant un triple élargissement dans le temps vécu, l’espace dominé et l’épaisseur humaine.
Il offre désormais une trajectoire complète de la fulgurante carrière de Napoléon Bonaparte, des débuts italiens à l’exil à Sainte-Hélène. Il embrasse l’ensemble du continent européen régi par Napoléon, cette hégémonie française prenant diverses formes de domination, directe par le rattachement au Grand Empire ou indirecte par la création d’Etats satellites. Enfin, il présente, à l’image du Livre du Sacre, un panorama complet de la société française remodelée à l’issue de la Révolution, de la personne du souverain à ses sujets, en englobant les élites et en mettant l’accent sur le peuple.
Un musée en chantier, restructuré par étapes
Lors de la première restructuration en 2018, une scénographie expressive a mis en valeur 88 œuvres inédites, présentées dans quatre salles avec de nouvelles thématiques :
- « Napoléon, empereur des Français et roi d’Italie »
- « Ordre et prospérité. Paris capitale du luxe et la France modèle pour l’Europe »
- « Napoléon, épicentre de son système. Rouages humains et ressort moral de la machinerie impériale »
- « A l’ombre de l’Empereur déchu. Adieux, exils, remémoration »
Le bicentenaire de la mort de l’Empereur déchu le 5 mai 1821 est l’occasion de mettre en batterie une cinquantaine d’oeuvres nouvelles, rassemblées selon le prisme « la France et l’Europe sous l’œil et dans la main de Napoléon », qui seront autant de vraies découvertes pour le public.
L’action de l’Etat
Une acquisition phare
La coupe allégorique offerte par Napoléon à l’impératrice Marie-Louise
L’action continue de l’Etat a permis d’acquérir des œuvres majeures, telle une exceptionnelle coupe allégorique, offerte par l’empereur Napoléon à l’impératrice Marie-Louise sur le thème de la naissance de l’héritier, titré « roi de Rome ». La manufacture impériale de Sèvres a produit en 1811 cette « coupe à bouillon » couverte et son plateau, d’une grande préciosité et d’une forme « Gérard » tout récemment inventée. Le virtuose Parant a peint, à l’imitation de camées antiques, deux cartels allégoriques chantant la naissance de « roi de Rome ». Minerve casquée, représentant à la fois la Sagesse et la France et Rome, présente d’un côté le nouveau-né à Hercule-Napoléon et de l’autre au Tibre, fleuve qui coule à Rome proclamée « deuxième capitale de l’Empire ».
Manufacture impériale de Sèvres, et peintre Louis-Bertin Parant.
Coupe à bouillon couverte ornée de deux cartels allégoriques à la naissance du roi de Rome, et son plateau. 1811.
Porcelaine dure, émaux polychrome, or. Inventaire F 2020.22.
Un étroit partenariat avec le Mobilier national
Le Mobilier national a obligeamment déposé trois œuvres insignes. Deux pendules, l’une ornée du buste d’Elisa Bonaparte-Baciocchi et l’autre, monumentale, à la mémoire de Frédéric II de Prusse, illustrent la dimension européenne du musée.
Pendule en « monument à la mémoire de Frédéric le Grand », roi de Prusse
Louis Duguers de Montrosier (1758-1806) conçut cette singulière démonstration en deux parties. La console abonde en détails martiaux : quatre faisceaux de licteur en guise de piètement, une entretoise formée de quatre javelots, au centre une orgueilleuse aigle prussienne qui de sa serre gauche tient l’épée du Grand Frédéric et de l’autre une boule représentant la riche province de Silésie conquise. Au centre du monument, Frédéric II expire, entouré de quatre figures : l’Europe éplorée, un vétéran casqué qui lui tend une couronne, « dernier hommage de son respect et de sa reconnaissance », la muse de l’Histoire qui présente le Code Frédéric, enfin le Temps, armé d’une faux et d’un sablier où s’écoule le « fatal grain de sable ». Une colonne d’ordre corinthien, « emblème de l’affermissement du Royaume de Prusse », porte des boucliers gravés du nom des victoires remportées, des trophées composés de drapeaux pris et une Renommée embouchant un buccin.
Napoléon admirait Frédéric II comme le plus grand capitaine des temps modernes. Au moment même où était exposée à Paris cette pendule, l’armée prussienne de son imprudent petit-neveu Frédéric Guillaume III était anéantie à Iéna le 14 octobre 1806.
Meuble « composé et exécuté par Louis Duguers », vers 1800-1805, présenté à l’Exposition des produits de l’industrie nationale à Paris en 1806.
Acajou, bronze doré, argent (cadran), marbre blanc. Dépôt du Mobilier national en 2020, GMEC 33/1 et 2. Exposée au musée Napoléon Ier, salle « Paris capitale du luxe et la France modèle pour l’Europe ».
Le concours des donateurs
Il faut, parmi un extraordinaire concours de générosités privées, souligner la libéralité d’un collectionneur, M. Leprince, qui a offert des pièces en porcelaine de Berlin à forte charge historique, retraçant les soubresauts des relations franco-prussiennes. Cette générosité, échelonnée sur plusieurs années, a abouti à constituer à Fontainebleau un ensemble unique en France, sans équivalent en Europe et même en Allemagne. De même, M. Philippe Copin, antiquaire et numismate, a offert une collection de 35 monnaies et médailles frappées de 1800 à 1852, qui seront insérées par roulement dans la vitrine des médailles.
Enfin une exceptionnelle donation familiale a permis de garder cristallisé un fonds « général Grouvel », retraçant les étapes de sa carrière sous l’Empire et les régimes successifs, et donnant une scansion forte à la salle « Lendemains d’Empire ».
Ces œuvres seront déployées soit au gré du parcours selon leur pertinence thématique, soit dans une « vitrine des donateurs » spécialement aménagée dans la salle 2, soit dans la future vitrine monographique « général Grouvel ». Ce remaniement du musée Napoléon Ier en 2021 s’inscrit dans la logique de redéploiement complet des collections à l’horizon 2026.
Appel aux dons
Tout descendant d’acteur de l’Empire soucieux de magnifier la mémoire de son ancêtre, tout collectionneur ou amateur d’Histoire soucieux de partager sa passion peut au XXIe siècle s’enrôler dans ce projet collectif de Grand musée Napoléon Ier, conçu sous le prisme « la France et l’Europe sous l’œil et dans la main de l’Empereur ». La démarche est simple : s’adresser Christophe Beyeler, conservateur général chargé du musée Napoléon Ier : christophe.beyeler@chateaudefontainebleau.fr,
Le donateur potentiel sera traité avec les égards que mérite sa générosité, et l’œuvre offerte sera soigneusement étudiée et publiée.